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DRESS syndrome : étude descriptive de 35 cas - 19/12/20

Doi : 10.1016/j.revmed.2020.10.322 
S. Saad 1, , A. Amina 2, S. Mokni 1, R. Gammoudi 1, F. Neila 3, R. Slim 4, C. Ben Salem 3, N. Ghariani 1, C. Belajouza 1, M. Denguezli 1
1 Dermatologie, CHU Farhat Hached, Sousse, Tunisie 
2 Service de dermatologie, CHU Farhat Hached, Sousse, Tunisie 
3 Pharmacovigilance, CHU Farhat Hached, Sousse, Tunisie 
4 Laboratoire de pharmacovigilance, CHU Farhat Hached, Sousse, Tunisie 

Auteur correspondant.

Résumé

Introduction

DRESS syndrome ou syndrome d’hypersensibilité médicamenteuse est une toxidermie grave associant une des manifestations cutanées et une atteinte systémique. La physiopathologie du DRESS n’est pas bien clarifiée, il est suggéré qu’il résulterait d’une possible interaction entre le médicament et la réactivation de certains virus présents dans l’organisme, en particulier le human herpes virus 6 (HHV6). Une prédisposition génétique est également rapportée. À travers une série de 34 cas nous nous proposons d’analyser les particularités épidémio-clinique et biologiques du DRESS et de préciser les différents médicaments incriminés.

Patients et méthodes

Il s’agit d’une étude rétrospective colligeant tous les cas de DRESS syndrome hospitalisés au service de dermatologie de l’hôpital Farhat Hached de Sousse sur une période de 5 ans (janvier 2015 à janvier 2020). Le diagnostic du DRESS a été établi selon les critères du RegiSCAR.

Résultats

Nous avons colligé 35 patients (14 hommes et 21 femmes), l’âge moyen était de 51,6 ans avec des extrêmes allant de 15 à 92 ans. Un antécédent de DRESS était retrouvé dans 5 cas. Le médicament imputable était identifié dans 100 % des cas : les antiépileptiques aromatiques étaient les médicaments les plus incriminés (31,42 %), (carbamazépine 8 cas, phénobarbital 1 cas et lamotrigine 1 cas, valproate de sodium 1 cas) avec l’allopurinol (34,2 %), suivis par les antibiotiques (20 %), (amoxicilline dans 5 cas, rifaximine dans 1 cas et l’isoniazide dans 1 cas), la salazopyrine dans 2 cas, l’amlodipine dans 2 cas et l’imatinib dans 1 cas. Le délai moyen de survenue après la prise médicamenteuse était de 25jours (variant de 5 j à 46 j). L’atteinte cutanée retrouvait était à type d’exanthème morbilliforme dans 21 cas, érythrodermie exfoliative dans 13 cas, érythème polymorphe-like dans 1 cas. Des lésions purpuriques étaient retrouvées dans 3 cas, des pustules dans 2 cas et des lésions bulleuses dans 1 autre cas. Une biopsie cutanée faite dans 31 % des cas montrant des signes histologiques de toxidermie. Une fièvre, un œdème du visage et des adénopathies périphériques étaient notés dans respectivement 71, 68 et 64 % des cas. L’hyperéosinophilie était retrouvée dans 93 % des cas. Le regiSCAR était égal à 4 dans 45 % des cas et supérieur à 4 dans 56 % des cas. L’atteinte hépatique représentait l’atteinte viscérale la plus fréquente (61 %), suivie par une atteinte rénale (20 %), une atteinte musculaire (10 %), une atteinte pulmonaire (5 %), L’atteinte hépatique était à type de : cytolyse variant de 1,5 à 20 fois la normale. Des sérologies virales faites dans tous les cas ne montrant pas d’infection virale active. La corticothérapie générale était indiquée dans 44 % des cas. L’évolution était favorable dans 91 % des cas avec disparition de l’atteinte cutanée et normalisation des perturbations biologiques après un délai moyen de 10jours. Une rechute avec réapparition de l’atteinte cutanée et hépatique était notée dans 2 cas.

Discussion

Nos résultats sont concordants avec ceux de la littérature, les médicaments les plus incriminées étaient les antiépileptiques et l’allopurinol. Le délai moyen de survenu des symptômes était de 25jours. On avait un cas pédiatrique d’une fille âgée de 15 ans qui présentait un rash morbilliforme avec quelques pustules au niveau du visage, un mois après la prise de carbamazepine. 90 % des patients avec un DRESS à l’allopurinol présentaient une érythrodermie exfoliative. L’hyperéosinophilie est un critère majeur dans le diagnostic de DRESS, il était présent chez 92 % de nos patients. La biopsie cutanée n’est pas un élément essentiel pour la confirmation diagnostique, il n’était réalisé que dans 30 % des cas. Le calcul du score de regiSCAR au cours du DRESS syndrome est essentiel pour la confirmation diagnostique, dans notre série il était supérieur ou égale à 4 dans tous les cas (3 cas de regiSCAR=7). L’atteinte viscérale constitue un critère de gravité, elle était présente dans 95 % des cas et prédominée par l’atteinte hépatique. L’imputabilité d’une réactivation virale en particulier de l’HHV6 a était suggérée dans certaines publications. L’évolution du DRESS après arrêt du médicament incriminé est favorable dans la majorité des cas.

Conclusion

Le DRESS syndrome bien que relativement rare, représente une cause importante de morbidité voire de mortalité dont la prévention primaire et secondaire relève d’une analyse minutieuse de l’imputabilité médicamenteuse.

Le texte complet de cet article est disponible en PDF.

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